Stationnement: un véritable casse-tête pour les propriétaires montréalais

Dans certains quartiers résidentiels de Montréal, les restrictions de stationnement sur rue pullulent, causant de véritables maux de tête aux automobilistes. Une situation particulièrement difficile pour les propriétaires qui doivent accéder rapidement et facilement à leur immeuble, que ce soit pour collecter les loyers, répondre à une urgence ou réaliser des travaux d’entretien.

Alors que le nombre de véhicules de promenade en circulation sur le territoire de la métropole québécoise ne cesse de s’accroître (il est passé de 720 027 à 750 437, entre 2009 et 2013), il est primordial d’assurer une gestion serrée du parc-auto. Ce contrôle se fait à l’échelle locale et ne relève pas de la Ville-centre. Au total, 14 des 19 arrondissements offrent du stationnement sur rue réservé aux résidents (SRRR), par le biais d’une vignette. Le coût de celle-ci, les zones où elle est requise ainsi que les plages horaires où elle est en vigueur varient donc d’un secteur à l’autre.

Comme son nom l’indique, ce permis est délivré uniquement aux automobilistes qui habitent le quartier. Ainsi, un propriétaire qui ne loge pas dans son immeuble –  et ils sont nombreux dans cette position – ne peut pas se procurer le précieux autocollant lui permettant de garer sa voiture dans une aire SRRR.

Quand il doit se rendre sur les lieux, il se croise donc les doigts pour qu’il y ait de la place pour se stationner à proximité de sa destination, sans quoi, il devra se résigner à laisser son véhicule quelques rues plus loin. Une situation peu pratique, surtout lorsqu’il doit transporter des outils et des matériaux pour effectuer des travaux.

« Un propriétaire qui habite son immeuble a droit à son permis de stationnement, comme tout autre résident du secteur. Par contre, un tenancier qui n’est pas occupant n’a pas plus de raisons d’avoir une vignette que n’importe quelle autre entreprise de services », fait valoir Michel Tanguay, chargé de communication à l’arrondissement Le Plateau-Mont-Royal.

C’est justement pour éviter que des visiteurs provenant de l’extérieur du quartier viennent se garer dans les rues résidentielles, aux dépens de ceux qui y habitent, que de telles mesures de gestion du stationnement ont été implantées, ont indiqué les différents arrondissements et municipalités contactés dans le cadre de ce reportage.

Le porte-parole de Rosemont – La Petite-Patrie, Serge Fortin, précise qu’il existe toutefois une « règle tacite » – quoique non formelle – selon laquelle les patrouilleurs ferment les yeux sur les automobilistes qui se rangent temporairement sans permis dans une zone SRRR lorsqu’ils chargent ou déchargent leur véhicule. Ils doivent cependant le déplacer rapidement, une fois qu'ils ont terminé.

« S’il y a une certaine tolérance pour ceux qui s’arrêtent dans les zones de SRRR, il n’y en a pas pour ceux qui se stationnent en double; il s’agit d’une entrave à la voie publique. Même chose pour ceux qui s’immobilisent dans la ruelle », prévient-il

50 % de la rue… ou plus!

Malgré la présence de zones SRRR, des places de stationnement non tarifées sont toujours offertes aux automobilistes qui ne détiennent pas de permis. De manière générale, les aires SRRR n’excèdent pas 50 % du nombre total de espaces disponibles. Toutefois, il existe des exceptions; dans certains secteurs très prisés du Plateau-Mont-Royal, le ratio est plutôt de 70-30 (la majorité étant réservée aux résidents du quartier).

« On a un logiciel qui permet de faire une lecture rapide des plaques d’immatriculation, afin de calculer le nombre de voitures d’automobilistes provenant de l’extérieur du quartier versus celles qui appartiennent aux résidents. Ça permet d’évaluer le nombre de places dont on a besoin. Il reste très peu de zones où il n’y a pas de vignettes et elles sont appelées à disparaître », soutient M. Tanguay, précisant qu’il y a constamment de « l’évaluation faite sur le terrain » et que les aires SRRR « ne sont pas coulées dans le béton »; elles sont amenées à évoluer (s’étendre ou être restreinte) en fonction des besoins.

L’arrondissement Rosemont – La Petite-Patrie étudie d’ailleurs la possibilité d’emboîter le pas à son voisin en augmentant, lui aussi, le nombre de cases de stationnement réservées à sa population dans certains secteurs.

Pistes de solutions

Interpellé par les travailleurs et les commerçants qui souhaitent accéder aux zones SRRR, l’arrondissement Le Plateau-Mont-Royal planche sur un projet de « vignette blanche ».

« Le maire a déjà annoncé qu’il travaillait sur un projet-pilote de permis destiné à des gens qui viennent fréquemment dans un secteur et qui ne l’habitent pas. C’est encore à l’étude; il est encore trop tôt pour dire quelle forme que ça va prendre. Il y a cependant une ouverture de ce côté-là », mentionne-t-il.

Cette initiative, si elle fait ses preuves, pourrait influencer les autres arrondissements à adopter une telle mesure.

En attendant, la CORPIQ entend faire des représentations auprès des différentes administrations locales pour faire valoir les intérêts des propriétaires relativement à cet enjeu.

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Les vignettes aux Québec

Comment se fait la gestion du stationnement sur rue dans les autres principales villes du Québec? C’est ce qu’a cherché à découvrir la CORPIQ. Tour d’horizon de ce qui se fait dans une municipalité près de chez vous.

À Québec, Sherbrooke et Trois-Rivières, les vignettes ne visent que quelques rues, généralement situées aux abords d’un pôle d’attraction (CÉGEP, hôpital, etc.). Toutefois, les zones tarifées sont accessibles à tous pour une période limitée, variant de 60 à 120 minutes. La ville de Saguenay compte d’ailleurs emboîter le pas, dès le début de l’année 2015.

À Gatineau, il existe deux types de permis de stationnement, soit un pour les résidents et un autre pour les commerces exploitants. Si les propriétaires immobiliers ne peuvent pas se procurer la première catégorie de vignette, ils ne peuvent pas non plus obtenir la deuxième, car un « permis d’affaires » est exigé.