L’habitation, victime des querelles interminables entre Québec et Ottawa

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En avril dernier, le gouvernement fédéral a annoncé la création du Fonds canadien pour les infrastructures liées au logement, avec une enveloppe de 6 milliards de dollars. L’objectif est d’accélérer la construction et la mise à niveau des infrastructures essentielles à travers le pays.

L’habitation, victime des querelles interminables entre Québec et Ottawa

Par Maxime Rodrigue, Isabelle Melançon, Francine Sabourin et Nathalie Mercier*

Cette initiative arrive au bon moment, particulièrement au Québec, où nous assistons dans de nombreuses municipalités à une multiplication alarmante des moratoires sur le développement immobilier. La raison ? Nos infrastructures en eau ne sont plus en mesure d’absorber de nouvelles constructions. Les chiffres sont éloquents : il faudrait investir près de 38 milliards de dollars uniquement au Québec pour les mettre à niveau.

Cette situation est en opposition flagrante avec notre objectif collectif de densifier le territoire, une stratégie clé pour atténuer la crise de l’habitation et freiner l’étalement urbain. Alors que nous devrions construire plus et plus vite, nous nous retrouvons paralysés par des infrastructures malheureusement défaillantes et non adaptées à l’urgence climatique.

Le nouveau fonds fédéral pourrait être une partie de la solution. Cependant, comme trop souvent, sa mise en œuvre se heurte aux éternelles négociations entre Ottawa et Québec. Sans accord, pas de déblocage de fonds. Sans accord, on en est réduits à financer les projets au compte-gouttes, et ce, par décrets. Sans accord, on ne fait que cristalliser la crise de l’habitation.

L’échéance pour conclure ces négociations est fixée au 31 décembre 2024, autant dire demain matin selon le calendrier politique. Si une entente n’est pas conclue à cette date, les fonds vont demeurer à Ottawa et seront, pour ainsi dire, perdus. Le temps presse, car nous sommes à la veille d’une campagne électorale fédérale, qui risque de reléguer encore davantage ces enjeux cruciaux au second plan.

Il est fondamental que les différents ordres de gouvernement mettent de côté leurs querelles de champs de compétence. La crise de l’habitation n’est pas un problème abstrait : elle affecte directement la qualité de vie de nos concitoyens et concitoyennes, freine profondément le développement économique de nos communautés, menace la cohésion sociale dans toutes les régions du Québec, et suscite des enjeux importants de santé mentale et physique.

Cette entente est névralgique pour le développement du Québec. C’est pourquoi nous invitons le gouvernement du Québec et celui du Canada à s’entendre, c’est urgent ! Il s’agit d’un enjeu qui exige de démontrer que la politique peut influencer véritablement le quotidien des gens. Voici une occasion de redonner confiance en la politique et en ses élus et élues.

* Les auteurs dirigent respectivement l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), l’Institut de développement urbain du Québec (IDU), l’Association de la construction du Québec (ACQ) et la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ).

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