Se mobiliser pour résorber la crise du logement
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Dans les dernières semaines, de nombreuses voix se sont élevées pour tenter de résoudre la crise du logement. La CORPIQ a répondu à l’appel et a déposé un important mémoire comprenant 32 recommandations pour offrir à tous un toit de qualité et abordable.
Partant de cet objectif et en lisant différents rapports d’experts, il est apparu que toutes les solutions doivent converger afin de développer le parc immobilier. Quelque 100 000 unités aux bas mots sont manquantes en ce moment et cet écart grandira année après année si on ne prend pas immédiatement les bons moyens pour valoriser l’offre. L’objectif est tellement extraordinaire qu’il apparaît incontournable qu’un ministre y soit entièrement dédié afin de résoudre l’équation. Développer est en réalité la somme de «financer», «débloquer» et «protéger».
Financer, cela veut dire comprendre que l’ensemble des personnes qui ont besoin d’un logement social ou abordable y aient accès. Or, il est de la responsabilité pleine et entière de l’État de subvenir à ces besoins, estimés à 35 000 HLM. La relance de la construction de logements sociaux est donc fondamentale. Il sera difficile d’y arriver à court terme, car il y a un enjeu de capacité de production. Il existe cependant un levier : un programme de supplément au loyer (PSL). Ses avantages sont multiples, notamment l’État n’a pas la lourdeur liée à la gestion d’un parc de logements. Au moins pour les années à venir, alors que les logements sociaux ne sortiront pas de terre en quantité suffisante, il faudra renforcer ce programme. De plus, il faut financer massivement le réseau des HLM pour rendre disponibles des centaines de logements, actuellement barricadés.
Débloquer, cela revient à comprendre ce qui bloque le Québec dans l’obtention d’un meilleur parc locatif. Partons du constat suivant : la réglementation actuelle dévalorise la rénovation et la construction. La densité douce est le bon moyen pour à la fois rencontrer des objectifs environnementaux et des cibles d’abordabilité, tant pour les locataires que pour la société en évitant l’étalement urbain. Pour y arriver, il est nécessaire que les politiques contradictoires avec cet objectif soient revues (taxation et frais), mais aussi qu’on introduise systématiquement les logements accessoires et intergénérationnels.
La modernisation de la méthode de fixation des loyers est aussi absolument fondamentale, sans quoi le nombre de logements qui quittent le marché ne cessera de grandir. Il faut mettre à jour les incitatifs financiers pour mettre fin à la dégradation du parc immobilier. Des experts ont démontré l’urgence de cette modernisation, il n’y a plus de temps à perdre.
Protéger le parc locatif, c’est aussi protéger les locataires et favoriser le développement durable. Protéger le locataire, c’est notamment se battre contre les évictions illégales par des moyens efficaces : augmenter le temps requis pour prévenir le locataire, obliger le propriétaire à y inclure les permis municipaux obtenus et une fiche des droits et devoirs du locataire associée aux travaux. Le protéger, c’est aussi soutenir le travail communautaire qui aide les locataires les plus vulnérables et abandonner l’idée d’imposer des nouveaux frais aux propriétaires ou bureaucratiser l’insalubrité par des certifications ou des registres. Il faut cesser d’investir dans la documentation et investir dans l’habitation, et dans les humains qui y vivent, qui ont des besoins criants d’aide en matière de santé et de développement personnel.
Il n’y a aucune fatalité dans la crise du logement. Il n’y a pas de solutions magiques non plus. Il faut simplement augmenter l’offre et valoriser la propriété locative par des moyens pragmatiques et se mettre à l’œuvre dès maintenant.