Vers le dernier droit des élections municipales
Voilà qu’il ne reste plus qu’une dizaine de jours avant la journée des élections municipales du Québec qui aura lieu le 7 novembre prochain. Où en sommes-nous depuis le début de la campagne politique des candidats qui briguent le poste à la mairie de leur municipalité? Tout d’abord, nous souhaitons que vous ayez été nombreux à vous être inscrits sur les listes des électeurs dans toutes les municipalités où vous possédez une propriété pour ainsi exercer votre droit de vote.
Malgré la faible participation électorale à laquelle nous nous sommes habitués pour ce palier gouvernemental, il n’en reste pas moins que les débats sont sulfureux et touchent des thèmes de notre quotidien : transports, environnement, services publics, voiries, l’urbanisme, et bien évidemment l’habitation!
Depuis la rédaction de notre article sur les élections municipales du Québec qui est paru dans l’édition d’octobre de notre magazine Le Proprio (édition #59), les candidats ont présenté de manière plus détaillée leur plateforme politique, et les critiques s’en sont autant mis de la partie.
Pensons tout d’abord aux deux visions de l’habitation telles que présentées par les 2 candidats principaux à la mairie de Montréal. D’un côté, Valérie Plante de Projet Montréal et actuelle mairesse, a lancé des promesses électorales faisant miroiter la construction possible de 60 000 logements abordables au cours des prochaines années tout en laissant les organisations communautaires gérer un tel projet. Denis Coderre du parti Ensemble Montréal, de son côté, mise plutôt sur la construction de 50 000 logements, mais avec l’aide du secteur privé afin d’augmenter l’offre des logements sur le marché. De cette manière cela exercera naturellement une pression vers le bas pour les prix des logements. Les présidents des entreprises en immobilier du Groupe Mach et Devimco ont d’ailleurs manifesté l’importance et la nécessité d’insérer des acteurs de l’industrie pour leur expertise en matière d’habitation. En ce qui concerne les taxes municipales, Denis Coderre propose un gel de taxes à 2 %, tandis que Valérie Plante promet une hausse au niveau de l’inflation, en voie d’être vers les 2,6 % selon le Conference Board of Canada.
Ailleurs au Québec, le thème du logement abordable est aussi la « saveur du mois » de cette course électorale. Avec la surchauffe immobilière, le prix de l’acquisition d’une propriété a monté en flèche, et le prix des loyers pour les logements locatifs s’est ajusté aux coûts des matériaux de construction et de rénovation. En conséquence, nous avons une compétition entre la plupart des candidats à la mairie pour la meilleure offre de logements abordables en espérant ainsi racler des voies et attirer un capital de sympathie.
La cheffe du parti Action Gatineau propose, un peu à la manière de Montréal et du règlement 20-20-20, un règlement d’inclusion qui obligerait les promoteurs privés à inclure une proportion de logements abordables dans leurs projets ou à verser une compensation à la ville s’ils ne respectaient pas cette règlementation. Là aussi, une voix du secteur privé de l’immobilier a tonné et fait connaître son point de vue. C’est le cas par exemple du président de l’entreprise Junic qui a rétorqué que la solution doit provenir en partie de la participation de constructeurs privés qui pourront « inonder le marché » en bâtissant davantage de logis que la demande sur le marché, afin qu'au final les locataires aient « le gros bout du bâton » et que les prix soient en baisse marquée.
Par ailleurs, nous avons droit une solidarité politique intermunicipale entre la candidate du parti de de la Coalition Longueuil, Catherine Fournier, et le candidat à la mairie de Laval, Stéphane Boyer, du Mouvement lavallois, qui promettent de tenir ensemble un « sommet sur l’habitation » s’ils sont tous les deux élus au sein de leur municipalité. C’est aussi à Longueuil que la candidate de la Coalition Longueuil souhaite s’inspirer du règlement montréalais du 20-20-20 pour inciter à la construction de logements abordables.
À Québec, le thème du transport collectif a pris une ampleur sans précédent alors qu’un troisième lien serait mis sur pied pour réunir Lévis et Québec, et qu’un projet de tramway puisse enfin voir le jour après une dizaine d’années d’études et de discussions. Mais là aussi, le thème du logement est prépondérant. Marie-Josée Savard qui brigue le poste de mairesse dans la lignée du Maire Labeaume souhaite implanter 2600 logements abordables dont 20% dédiés aux itinérants; Bruno Marchand du parti Québec Fière et Forte voudrait implanter une taxe supplémentaire sur l’immobilier pour les propriétés près du futur trajet du tramway; Jean-François Gosselin du parti Québec 21 promet 6000 logements abordables et un gel des taxes municipales (commercial et résidentiel) sur 2 ans; enfin, Jean Rousseau de Démocratie Québec propose 40 millions par année pour l’acquisition de terrains et la construction de logements abordables.