Bornes de recharge pour véhicules électriques : le virage vert à la porte des propriétaires

Magazine Proprio

Que ce soit pour optimiser la valeur de revente et de location ou se démarquer au sein d’un marché évolutif branché sur les réalités actuelles, doter son immeuble de l’accès à un service de recharge de s’inscrit tout à fait dans l’ère du temps.

Bornes de recharge pour véhicules électriques : le virage vert à la porte des propriétaires

AVEC PRÈS DE 70 000 VÉHICULES ÉLECTRIQUES (VE) EN CIRCULATION AU QUÉBEC ET UNE INDUSTRIE QUI PEINE À RÉPONDRE À LA DEMANDE CROISSANTE, LA TRANSITION S’OPÈRE À UN RYTHME EFFRÉNÉ. LES BORNES DE RECHARGE SE MULTIPLIENT, EN VILLE COMME EN RÉGION, TÉMOIGNANT DU CHANGEMENT AMORCÉ. QUE CE SOIT POUR OPTIMISER LA VALEUR DE REVENTE ET DE LOCATION OU SE DÉMARQUER AU SEIN D’UN MARCHÉ ÉVOLUTIF BRANCHÉ SUR LES RÉALITÉS ACTUELLES, DOTER SON IMMEUBLE DE L’ACCÈS À UN SERVICE DE RECHARGE DE VE S’INSCRIT TOUT À FAIT DANS L’ÈRE DU TEMPS.

Par Corinne Laberge

En 2015, le gouvernement provincial a fixé l’objectif de 100 000 véhicules entièrement électriques ou hybrides rechargeables d’ici la fin de 2020, dans l’optique d’atteindre la cible de 300 000 en 2026 et, ultimement, d’un million d’ici 2030.

Les constructeurs sont par ailleurs soumis à une réglementation encadrant le nombre de ventes de véhicules électriques (VE) effectuées. Les quotas exigés depuis deux ans seraient toutefois insuffisants pour s’ajuster à la demande des clients et s’assurer de rencontrer les échéanciers.

Alors que des modifications sont prévues à la Loi visant l’augmentation du nombre de véhicules zéro émission (VZE) dans le cadre du projet de loi 44, plusieurs y voient l’occasion de réviser les règles imposées à l’industrie. Une telle vigueur de la demande sous-entend que si l’offre des manufacturiers était plus importante, les ventes de VE dans la province le seraient tout autant.

Le double d’«électromobilistes»

Considérant que les données d’HydroQuébec chiffrent à plus de 66 000 le nombre de VE présents sur les routes québécoises, en comparaison avec autour de 35 000 l’an dernier, on constate qu’ils se sont tout de même pratiquement multipliés par deux en une année. 

Le Circuit électrique bénéficie de cette croissance substantielle. Le réseau public de recharge chapeauté par Hydro-Québec a effectivement enregistré une hausse très marquée de l’utilisation. 

«Il y a eu deux fois plus de recharges effectuées sur nos bornes rapides en 2019. Ce sont 220 000 recharges au total, contre 110 000 en 2018, souligne l’ingénieur à la direction de l’électrification des transports chez HydroQuébec, Jacques Côté. Deux fois plus d’énergie a également été fournie par l’ensemble de nos bornes.» 

À ce jour, quelques 2400 bornes – incluant 300 bornes rapides permettant de recharger les véhicules en 15-20 minutes – sont déployées à travers les 17 régions desservies par le Circuit électrique et ses partenaires. L’installation de 1600 nouvelles bornes publiques de recharge rapide au cours de la prochaine décennie permettra au principal réseau québécois d’accueillir la cohorte grandissante de VE. 

« Si on regarde entre 2018 et 2019, on a doublé le nombre de bornes de recharge rapide mises en service. De 145 bornes, on est passé à 290 bornes à la fin de 2019, note l’ingénieur. On parle d’un rythme de 160 bornes par année.»

Il reste toutefois qu’en moyenne 90 % de la recharge de VE se fait à la maison. Une borne de recharge accessible à domicile est donc considérée comme une nécessité pour les « électromobilistes».

Suivre le courant 

Dans un contexte où l’arrêt définitif de la production de véhicules à combustion ne se projette plus dans un futur si lointain, offrir un espace de stationnement muni de bornes de recharges représente désormais un atout distinct. 

D’autant plus que si le million est atteint en 2030 comme prévu, pas moins de 20 % des véhicules en circulation seront alors électriques. Pour les propriétaires d’immeubles locatifs, s’adapter permettrait de rejoindre ce bassin de consommateurs en expansion. 

«Il y aura de plus en plus de demandes de locataires qui vont se renseigner à savoir si l’immeuble offre des bornes de recharges. C’est certain que ça deviendra une réalité et une plus-value pour attirer la clientèle », indique le spécialiste

En outre, le Code de construction du Québec stipule maintenant qu’au sein de tous les nouveaux bâtiments de quatre logements et moins, chaque logement neuf doté d’un garage, d’un abri pour voitures ou d’une aire de stationnement – qu’elle soit reliée à une maison individuelle, en rangée ou jumelée, à un duplex, triplex ou quadruplex – doit être équipé d’une infrastructure minimale de recharge. 

L’installation complète n’est pas requise actuellement. On exige toutefois que les éléments de base nécessaires à l’implantation des bornes soient intégrés à même les nouvelles constructions. Les immeubles résidentiels comprenant plus de quatre logements ne font l’objet d’aucune exigence dans le Code pour l’instant. Certaines municipalités, dont la ville de Laval, étendent l’obligation aux immeubles de plus de quatre logements. 

S'outiller

En amont de la décision d’installer des bornes de recharge pour VE, les propriétaires doivent être conscients que l’opération s’avère généralement plus complexe dans le cas d’un multilogement que pour une maison unifamiliale. 

La première édition du Guide Hydro-Québec pour la recharge de véhicules électriques dans un multilogement, parue au mois de décembre dernier, est une ressource précieuse pour y voir plus clair. Les principaux aspects à prendre en compte lorsqu’on envisage l’installation de bornes se déclinent en sections détaillées. 

«C’est une partie de notre mandat de faire de la sensibilisation, de l’éducation et de promouvoir les transports électriques. Ce guide est destiné à faire connaître des solutions, aider les gens et les orienter vers des choix qui vont convenir à leurs immeubles multilogements», mentionne Louis-Olivier Batty, chargé d’équipe des relations avec les médias chez Hydro-Québec. 

À l’étape de l’analyse du contexte d’installation, différentes considérations sont à évaluer. Celles-ci sont réparties en trois catégories: techniques, économiques, puis fonctionnelles et légales. 

En ce qui a trait aux considérations techniques, elles touchent les éléments liés à l’électricité et à l’aménagement physique des lieux. D’emblée, il faut savoir que les enjeux de puissance sont souvent problématiques dans un multilogement. Le guide précise que les installations électriques, conçues en fonction des besoins du bâtiment au moment de sa construction, ne sont pas nécessairement adéquates pour supporter ces nouvelles charges. 

En outre, «la capacité disponible pour chaque logement d’un multilogement est plus faible que celle d’une maison individuelle. La marge de manœuvre est donc aussi généralement plus faible. (…) De plus, dans un multilogement, l’enjeu de la capacité électrique devient plus aigu à mesure qu’on ajoute des équipements de recharge », explique le document. 

Il existe toutefois des solutions qui permettent de moduler la puissance et d’éviter ou limiter l’augmentation de la capacité : le contrôleur de charge et le dispositif de gestion de la puissance. L’ajout de capacité électrique à un ou plusieurs équipements de l’infrastructure électrique constitue, dans certains cas, la dernière solution pour installer des équipements de recharge.

Le type de raccordement de l’équipement de recharge sera également à déterminer. Opter pour un raccordement permanent de la borne directement à l’installation électrique est considéré comme une solution plus fiable que le branchement à une prise électrique.

La facture et les subventions 

Au volet des considérations financières, le coût d’achat de la borne est certainement la dépense la plus facile à planifier. Si le prix d’une borne de 240 volts oscille entre 600 $ et 1300 $ (avant taxes), ce sont plutôt les frais entourant son installation qui ne sont pas simples à prévoir.

Ceux-ci peuvent aller de 400 $ à 1100 $ (avant taxes), faisant passer les coûts totaux liés à la borne de recharge à 1500 $ en moyenne. Or, dépendamment des modifications qui doivent être effectuées dans le bâtiment pour permettre sa mise en service, des sommes supplémentaires pourraient devoir être investies. 

Le coût de raccordement et d’infrastructure – qui peut représenter de deux à dix fois le coût de la borne elle-même pour un propriétaire de multilogement – occupe à lui seul une grande part du budget.

La capacité électrique des équipements en place influence beaucoup le portrait global. Devoir remplacer des équipements ou encore procéder à divers travaux de génie civil nécessaires pour installer les bornes fait assurément grimper la facture. 

La gestion des coûts d’immobilisation étant généralement prise en charge par le propriétaire de l’immeuble résidentiel, celui-ci peut intégrer les montants investis aux coûts de fonctionnement pour en récupérer une partie ou la totalité.

Quant aux coûts de fonctionnement relatifs à l’électricité et à l’entretien, ils sont déterminés par la solution de recharge retenue. Dans le cas des solutions individuelles, l’ensemble des coûts est assuré par le locataire, alors que pour les solutions partagées, différentes approches peuvent être privilégiées. Dont le service inclus, le montant forfaitaire ou le tarif horaire.

À noter qu’une facturation basée sur la consommation d’énergie pourrait être complexe à gérer, notamment puisque les normes imposées par la loi fédérale pour la mesure de cette consommation obligent l’achat d’équipement homologué.

D’où l’importance d’analyser toutes les possibilités dans le choix du type de solution de recharge. Les solutions individuelles impliquent que la borne de l’utilisateur est raccordée à son compteur, donc que l’électricité lui est facturée directement par Hydro-Québec. Pour les solutions partagées, la borne est raccordée à un compteur commun. 

Dans le cas d’un immeuble comportant des stationnements individuels offerts aux locataires, les bornes individuelles connectées à un contrôleur de charge seraient une option appropriée. L’analyse de la consommation permettrait d’ajouter les frais d’utilisation au montant de location.

Enfin, l’aide financière accordée par Transition énergétique Québec (TEQ) pour l’acquisition et l’installation d’une borne de recharge est un incitatif pour les propriétaires de multilogements. 

Elle couvre 50 % des dépenses admissibles ou 5000 $ par borne de recharge sans fil ou 5000 $ par connecteur pour les bornes qui en sont munies. La subvention maximale annuelle a été fixée à 10 000 $ pour un bâtiment de 5 à 9 logements, à 20 000 $ s’il comporte 10 à 19 logements et à 25 000 $ dans le cas d’un immeuble de 20 logements et plus. La location de bornes de recharge est aussi admissible à la subvention.

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