Laval, une banlieue qui voit grand

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Laval, une banlieue qui voit grand

2015 marque le 50e anniversaire de Laval. Pour l'occasion, la municipalité a initié la démarche Repensons Laval, qui vise à déterminer les principales orientations de son développement sur un horizon de 20 ans. Aperçu de ce qui attend l'Île Jésus.

Troisième ville en importance au Québec, cette banlieue de la rive nord de Montréal est à la croisée des chemins. Sa structure urbaine, caractérisée par « le déplacement automobile, la séparation des usages, un pourtour développé, un centre-ville mal défini et une faible densité » ainsi qu'un « cadre bâti vieillissant et des infrastructures déficientes et incomplètes » [1], ne répond plus aux besoins de cette ville en plein essor qui tente de se tailler une place parmi les grands.

Car n'oublions pas que le potentiel de Laval est vaste: avec ses 12 parcs industriels, ses 11 000 commerces, entreprises et institutions, ses cinq gares de train, ses trois stations de métro, son hôpital, sa zone agricole qui recouvre le tiers de la superficie de l'île, ses terrains vacants (près de 50 % de son territoire n'est pas développé) et sa position géographique à mi-chemin de la métropole québécoise et les Laurentides, elle constitue un bon compromis pour les citadins qui s'ignorent et les campagnards refoulés! 

L'administration locale, dans sa vision stratégique intitulée Urbaine de nature – Laval 2035, a donc identifié différents enjeux qui guideront ses interventions futures, notamment l'occupation du territoire, la santé, l'environnement, la mobilité active et durable, ainsi que la prospérité économique.

« On veut créer un milieu sain où il fera bon vivre que ce soit par des services de proximité, des transports faciles ou une offre culturelle intéressante. De plus en plus, les gens habitent Laval, étudient à Laval, travaillent à Laval et s'amusent à Laval. L'image de la ville dortoir de banlieue est de moins en moins vraie.

« On est une jeune ville en expansion. Laval a une agilité, une flexibilité en raison de sa grosseur (ce n'est pas une petite ville ni une métropole) et de ses ressources financières », indique d'entrée de jeu le maire de Laval, Marc Demers, lors d'une entrevue exclusive accordée à la CORPIQ.

Pour y parvenir, l'administration locale entend déployer plusieurs stratégies. Certains secteurs seront redéveloppés tandis que de nouveaux quartiers seront aménagés suivant les principes de transit oriented development (TOD).

« Il y aura une densification du centre-ville de Laval. Toutefois, nous sommes en train d'établir notre Schéma d'aménagement et de développement. [Cette préparation] va prendre encore à peu près un an, car on a décidé de repartir à neuf avec de nouvelles consultations. Nous sommes favorables à l'approche TOD. De là, l'importance de nos gares et de nos stations de métro », indique-t-il

Un centre-ville en pleine ébullition

D'ailleurs, plusieurs projets attendent le centre-ville, délimité par les boulevards Saint-Elzéar, des Laurentides, Curé-Labelle et de la Concorde.

Ce quadrilatère accueillera – entre autres – la Cité de la culture et des sports de Laval. Située aux abords de la station de métro Montmorency, celle-ci regroupera le campus lavallois de l'Université de Montréal, le cégep Montmorency, la Salle André-Mathieu, la Maison des arts et la future Place Bell. Cette dernière – aménagée à l'angle des boulevards de la Concorde et Le Corbusier – comptera un aréna de 10 000 sièges qui pourra également faire office de salle de spectacle, un centre d'entraînement, des concessions, une boutique, des locaux de bureaux et un stationnement intérieur de 700 espaces.

« Ce qui est unique, c'est qu'il y a 245 000 voitures qui empruntent quotidiennement l'autoroute 15 à cette hauteur-là. Il y a donc un quart de million de personnes qui vont voir notre programmation de ce pôle. Le potentiel économique est formidable.

« Autour de la Place Bell, il y a énormément de terrains vacants c'est un des avantages que l'on a. Ils sont disponibles pour y faire du développement et les services sont là », fait reluire le maire, indiquant que « plusieurs tours [de condos ] sont en constructions ».

Un centre aquatique devrait aussi voir le jour à Laval. Le lieu exact n'a pas encore été dévoilé, mais tous les yeux sont rivés sur l'ancienne carrière Lagacé qui se trouve derrière le palais de justice de Laval.

Par cette offre culturelle et sportive qui s'ajoute à celle du Centropolis, Laval souhaite attirer une nouvelle clientèle en se positionnant comme une destination de choix pour les étudiants, les athlètes, les visiteurs et les résidents. Le maire nie toutefois vouloir faire compétition à Montréal.

« Laval est rendue avec une proposition de divertissement qui s'adresse aux jeunes adultes. On n'a qu'à penser au SkyVenture, au Maeva Surf, au Cosmodôme…

« On n'est pas en compétition avec Montréal. Au contraire, il faut regarder ce qu'on a en commun et essayer de mettre ça en évidence pour faire concurrence à Toronto, Boston, New York, etc. », plaide le magistrat.

La berge des baigneurs et le centre d'accueil du parc de la Rivière-des-Milles-Îles

Désireuse d'emprunter un virage vert (ou plutôt bleu!), Laval entend revitaliser le bord de l'eau. En plus de réduire son empreinte écologique, ce projet lui permettra de développer le créneau des activités récréotouristiques.

« On veut se réapproprier la berge en arrière de l'église, dans le quartier Sainte-Rose. La Ville détient des terrains on veut les aménager et les rendre disponibles au grand public. On va y retrouver un sentier piétonnier, une piste cyclable et de l'animation sur une base régulière.

« Un peu plus loin, [il y a le centre d'accueil du parc de la Rivière-des-Milles-Îles]. On veut rénover le chalet et redonner ses lettres de noblesse à tout ce secteur-là en mettant en valeur la rivière des Milles-Îles », plaide M. Demers.

Il entend d'ailleurs solliciter les autres municipalités riveraines afin de travailler de concert pour « redonner une santé » à ce cours d'eau » dans le but d'aménager, d'ici quelques années, une plage à Laval-Ouest.

« À ce jour, les contrôles nous indiquent que ce serait possible c'est la même eau qu'à la plage d'Oka. Par contre, nos échantillonnages ne sont pas assez fréquents pour en assurer la qualité. On va donc faire faire des relevés sur une base récurrente, un peu comme ce qui se fait à Oka. S'il y a moyen, on va rouvrir une plage », plaide-t-il.

Des quartiers où habiter

La consolidation du centre-ville et de son économie aura forcément un impact sur la demande résidentielle à Laval. On constate que les condos poussent comme des champignons, notamment aux abords du Carrefour Laval, du Centropolis et des métros. Un Programme particulier d'urbanisme (PPU) a d'ailleurs été élaboré pour les zones jouxtant les stations Cartier et de la Concorde, afin d'en structurer le redéveloppement.

« Ce sont des développements TOD qui s'en viennent là. Il va y avoir de la densification et une mise en valeur de l'espace », laisse savoir M. Demers.

Sainte-Dorothée, prisée pour sa proximité de l'autoroute 13 et de l'aéroport de Dorval, accueille elle aussi son lot de copropriétés. On n'a qu'à penser au projet Aquablu, qui donne sur la rivière des Prairies.

« Il y a un dynamisme autour de nos autoroutes et les gens ressentent moins le besoin d'aller à Montréal », soutient-il.

Parallèlement, « la pénurie de logements locatifs à Laval est une des plus importantes de la région métropolitaine, ce qui crée une pression additionnelle sur les groupes les plus vulnérables », peut-on lire dans le document de réflexion intitulé Laval aujourd'hui – Un état des lieux pour repenser Laval, publié en avril 2015.

La revitalisation du secteur Val-Martin, se trouvant aux abords des boulevards Notre-Dame et Curé-Labelle, permettra de redonner un peu de pep au quartier Chomedey, tout en proposant une option locative aux résidents.

« C'est une zone où plusieurs maisons ont été bâties dans les années 1950. On s'est rendu compte qu'il y avait des vices de construction, faisant en sorte qu'une bonne partie d'entre elles sont impropres à l'habitation. Plus d'une centaine sont vacantes.

« On a un projet pour construire une première phase de 208 logements. Il va y avoir des logements sociaux et communautaires, d'autres à prix abordables et des unités pour monsieur madame Tout-le-monde. Il va y avoir des projets subventionnés, mais aussi des initiatives privées. D'ici quelques années, on souhaite arriver à près de 600 logements », mentionne l'édile, précisant que les structures actuelles seront démolies.

À savoir quel rôle les propriétaires d'immeubles de logements auront à jouer dans l'offre résidentielle et le redéveloppement de Laval, il souligne que « ce sont les forces du marché qui vont déterminer ça ».

[1] Laval aujourd'hui – Un état des lieux pour repenser Laval, avril 2015. Document de réflexion produit dans le cadre de la démarche Repensons Laval 2035.

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