Sherbrooke, 24 novembre 2014 – Contrairement à ce qu’avancent le FRAPRU et l’Association des locataires de Sherbrooke dans leur Dossier noir sur le logement et la pauvreté, les loyers de cette ville universitaire sont abordables, constate la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ).
Le coût mensuel d’un appartement de 4 pièces et demie est passé de 408 $, en 1992, à 594 $, en 2014 [1]. Cela représente donc une hausse moyenne de 1,8 % par année. Si l’on s’attarde uniquement aux 10 dernières années, on parle alors d’une variation de 2,3 %. Or, pour ces mêmes périodes, l’inflation générale a été de 1,7 % et 1,8 % respectivement [2].
Comme le démontrent ces chiffres, on n’assiste pas à une flambée des loyers; on constate plutôt l’effet de l’évolution de l’indice des prix à la consommation sur ceux-ci.
« L’augmentation observée ne permet même pas d’enrichir les propriétaires. Tout au plus, elle maintient le niveau de revenu de l’immeuble par rapport aux dépenses. N’oublions pas que le parc de logements, dont 68,7 % date d’avant 1987 [3] , accuse un déficit d’entretien qu’il est impossible de combler avec de si faibles hausses. Cela fait en sorte que l’état des appartements ne cesse de se dégrader », fait valoir Hans Brouillette, directeur des affaires publiques à la CORPIQ.
Mode de vie
La lourdeur du fardeau économique de certains locataires s’explique en partie par leur mode de vie. À Sherbrooke, 55 % des ménages locataires vivent seuls, ce qui est supérieur à la moyenne québécoise (50 %).
Par ailleurs, 39,0 % des ménages locataires sherbrookois consacrent plus de 30 % de leur budget pour se loger. Dans plus d’un cas sur deux (51,4 %), ils font néanmoins le choix de vivre seul [4] .
Contrairement à ceux qui partagent un appartement en colocation, ces ménages solos n’ont qu’un salaire pour absorber la totalité des dépenses (loyer, frais d’électricité, facture Internet, etc.). D’ailleurs, le revenu annuel moyen des locataires sherbrookois est moins élevé que celui de leurs homologues des autres grandes villes de la province (33 887 $, comparativement à 41 053 $ pour Montréal et 40 717 $ pour Québec) [5].
Rien d’étonnant, si l’on garde en tête que Sherbrooke est reconnue pour être une ville universitaire; de ce fait, une importante proportion de ses locataires sont des jeunes – 23,79 % sont âgés de 29 ans ou moins [6] – qui, souvent, ne travaillent pas ou le font à temps partiel, durant leurs études.
La CORPIQ estime qu’il est nécessaire de remettre les loyers au coût du marché, pour assurer la pérennité et l’entretien du parc de logements. Elle croit qu’au lieu d’exercer un contrôle des loyers et financer le logement social, le gouvernement du Québec devrait plutôt soutenir les ménages à faible revenu en leur offrant une aide financière directe. De cette manière, il permet non seulement aux personnes dans le besoin de se loger convenablement, il favorise aussi la préservation du parc de logements privés.
Soulignons que le taux d’inoccupation des appartements à Sherbrooke se situe présentement à 5 %, alors qu’il oscille autour de 2,6 % à Montréal et Québec, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Le loyer moyen d’un 4 ½ à Sherbrooke est de 594 $, soit 148 $ de moins qu’à Montréal (742 $), et 172 $ inférieur à celui de Québec (766 $) [7] .
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[1] Loyers moyens pour les régions de 10 000 habitants et plus, Société canadienne d’hypothèque et de logement
[2] Indice des prix à la consommation – Québec, Statistique canada, série Cansim V41691783.
[3] Schéma d’aménagement et de développement de la Ville de Sherbrooke
[4] Enquête nationale sur les ménages 2011 de Statistique Canada
[5] Ibid
[6] Ibid
[7] Loyers moyens pour les régions de 10 000 habitants et plus, Société canadienne d’hypothèque et de logement